Imerda Kakashi Blandine, originaire de Lubumbashi, dans le Haut-Katanga en République démocratique du Congo (RDC), a vu sa vie bouleversée après un viol par des rebelles dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu. “J’ai été victime d’un acte de violence sexuelle inouï par ces terroristes à Rutshuru, mais par la grâce de Dieu, j’ai survécu”, confie Blandine.
Elle a grandi loin de sa mère, restée à Goma, dans le Nord-Kivu. Cette séparation, survenue dans son enfance, l’a profondément marquée. Pendant des années, elle a construit sa vie et élevé ses enfants sans jamais connaître la capitale, Kinshasa, ni le visage de la mère qu’elle avait perdue. “En fait, j’ai perdu le contact avec ma mère alors que j’étais encore enfant et je ne l’ai jamais revue.”
Le désir de retrouver sa mère est devenu une obsession pour Blandine au fil des ans. Après son mariage, cette quête a pris une nouvelle dimension. Elle a réussi à obtenir le contact de sa mère, ce qui lui a redonné espoir. Ce lien retrouvé a ravivé en elle le besoin de rétablir une connexion avec ses racines et sa famille. En décembre 2023, alors que les élections approchaient, elle a décidé de faire le voyage vers Goma avec ses enfants, espérant enfin retrouver sa mère.
“Je voulais savoir si elle était toujours en vie, et finalement, j’ai réussi à obtenir son contact. En décembre 2023, à l’approche des élections, j’ai décidé, avec mes enfants, de me rendre à Goma pour la retrouver”, raconte-t-elle accompagnée de ses enfants visiblement tristes.
À son arrivée à Goma, Blandine a découvert que sa mère n’habitait pas dans la ville, mais dans la commune de Kiringa, territoire de Rutshuru à 138 Km. Malgré la déception initiale, elle a fait le trajet pour rejoindre sa mère. Les retrouvailles furent empreintes d’émotion, une semaine de bonheur après des années de séparation. Elles ont partagé des souvenirs, des rires et des larmes, redécouvrant leur lien familial.
“À mon arrivée, j’ai découvert qu’elle ne vivait pas à Goma même, mais dans une petite ville à proximité. J’ai fait le trajet pour la rejoindre et, après un moment de retrouvailles, nous avons passé une semaine ensemble”, explique la dame.
Le retour à la réalité
Cependant, cette parenthèse de joie a été brutalement interrompue. Alors qu’elles prenaient un repas ensemble, des coups de feu ont éclaté à proximité. La peur s’est immédiatement installée dans le cœur de Blandine et de ses enfants. Face à cette menace, elles ont décidé de fuir vers Goma, accompagnées de son jeune frère, espérant trouver un refuge temporaire.
“Alors que nous partagions un repas en famille, des coups de feu ont éclaté autour de nous. La peur s’est emparée de moi et de mes enfants, et nous avons décidé de nous diriger vers Goma, accompagnés de mon jeune frère. Tragiquement, il a été mortellement tué par balles des rebelles le 12 décembre. Pire encore, le 12 décembre”, se souvient Blandine larmes aux yeux, elle été violé par ses hors la loi.
Le destin s’est alors montré cruel. En route vers Goma, son jeune frère a été touché par une balle perdue tirée par des rebelles. Cette perte tragique a plongé Blandine dans une douleur insupportable, ajoutant un poids supplémentaire à une situation déjà précaire. La violence qui régnait autour d’eux était une réalité qu’elle n’avait jamais imaginée devoir affronter.
Un acte de violence inouï
La situation s’est encore détériorée le 12 décembre, lorsque Blandine a été victime d’une agression sexuelle violente par des terroristes. Cet acte de barbarie a laissé des séquelles indélébiles sur son esprit et son corps. Pourtant, elle a eu la force de survivre, une résilience qui témoigne de son indomptable volonté de vivre et de protéger ses enfants.
Dans les jours qui ont suivi ces événements traumatisants, à Goma, Blandine, fidèle à ses valeurs musulmanes, a croisé un leader de la communauté musulmane locale. Ce dernier a compris l’urgence de leur situation et a pris l’initiative de les aider. Grâce à son intervention, Blandine et ses enfants ont pu envisager une échappatoire à cette violence. “Ma mère, étant musulmane, j’ai croisé, autour du 14 ou 15 décembre, un leader de la communauté musulmane qui a pris soin de nous aider à rejoindre en catastrophe via un cargo la capitale, Kinshasa”, se rappelle Blandine.
Le chemin vers Kinshasa
Le 16 décembre, après une période d’angoisse, ils ont embarqué sur un cargo en direction de Kinshasa. Ce voyage symbolisait non seulement une échappatoire, mais aussi un nouveau départ. Leur histoire, marquée par la douleur et l’espoir, a rapidement attiré l’attention des médias locaux, mettant en lumière la situation désastreuse des familles touchées par la violence dans la région.
À Kinshasa, la réalité a été tout aussi difficile. Blandine a dû faire face à un traumatisme encore frais, tout en s’occupant de ses enfants. Les souvenirs des événements tragiques la hantaient, mais elle savait qu’elle devait être forte pour sa famille. La capitale, malgré ses promesses, était un lieu de défis et d’incertitudes.
C’est alors qu’un homme bienveillant est entré dans leur vie. Voyant la détresse de Blandine, il a offert son aide pour l’obtention de visas pour elle et ses enfants. Étant déjà en possession du sien, le processus a été facilité. “À Kinshasa, je luttais contre le traumatisme de ces événements, mais le destin a mis sur notre chemin un homme bienveillant qui a proposé de nous aider à obtenir des visas. Étant déjà en possession du mien, il était plus facile d’organiser le voyage pour mes enfants”, indique-t-elle.
Ce soutien inattendu a redonné à Blandine une lueur d’espoir afin de mener une vie plus sûre ailleurs.
Dany Musangu