À quelques semaines de la fin de l’année 2024, la Société nationale d’électricité (SNEL S.A.) dresse un bilan mitigé, marqué par des progrès notables mais aussi des défis persistants. Acteur clé du développement en RDC, la SNEL, confrontée à des attentes croissantes, s’efforce d’améliorer son efficacité tout en s’adaptant aux nouveaux enjeux économiques et sociaux.
L’année 2024 a été marquée par une amélioration sensible de la situation financière de l’entreprise. Grâce à une gestion rigoureuse et une augmentation des tarifs pour l’énergie haute tension, la SNEL a réussi à réduire son recours aux crédits à court terme. Cette dynamique a permis une baisse de 60 % de ses engagements auprès des banques commerciales, amorçant ainsi une politique de désendettement prometteuse.
Toutefois, l’entreprise reste consciente de la fragilité de ces acquis. La pression fiscale, amplifiée par de nouvelles taxes parafiscales, menace de compromettre les efforts déployés. Par ailleurs, l’endettement global de la SNEL, estimé à 3 milliards de dollars, demeure un obstacle majeur. Cette dette, dominée par des prêts bilatéraux, accapare près de 60 % des recettes de l’entreprise.
L’appui des partenaires internationaux a joué un rôle crucial dans ces avancées. Des financements de la Banque mondiale, de la BAD, de la KfW et d’autres agences de développement ont permis la mise en œuvre de programmes visant à moderniser les infrastructures et renforcer les capacités de production. Parmi les succès de 2024, on note également le lancement de projets pilotes comme l’application SNEL&Moi et le partenariat avec Blue Energy pour le prépaiement de l’énergie.
Malgré ces progrès, les défis structurels persistent. La couverture énergétique du pays reste faible : bien que la SNEL produise 90 % de l’électricité en RDC, cela ne représente que 3 % de la consommation nationale. Le bois-énergie domine encore le marché énergétique, générant un chiffre d’affaires estimé à 4 milliards de dollars par an, une tendance que l’entreprise souhaite inverser en promouvant l’électricité durable.
Par ailleurs, la vétusté des infrastructures, les raccordements frauduleux et les délestages quotidiens aggravent les conditions de desserte. À cela s’ajoutent des facturations forfaitaires inefficaces : seulement 20 % des clients disposent d’un compteur, ce qui réduit considérablement le taux de recouvrement des recettes.
Face à ces défis, la SNEL se projette vers un avenir plus structuré, appuyée par la nouvelle politique générale des entreprises publiques adoptée en 2024. Ce cadre stratégique prévoit, entre autres, la digitalisation du service à la clientèle, une meilleure gestion des réseaux urbains, et une conquête ambitieuse des parts de marché du bois-énergie.
Pour l’année 2025, l’entreprise envisage des projets phares tels que la construction et la réhabilitation de barrages hydroélectriques (Katende, Mobayi Mbongo), ainsi que le développement de réseaux de transport dans des zones stratégiques comme le Haut Katanga, le Kasaï et la Tshopo. Ces initiatives visent à soutenir les industries minières et agroalimentaires tout en réduisant la dépendance au bois-énergie.
La SNEL prévoit également une interconnexion régionale avec des infrastructures comme la ligne Maquela do Zombo (Angola) – Kwilu, qui renforcerait l’accès énergétique dans les zones économiques spéciales et urbaines. Ces projets ambitieux nécessitent toutefois des financements conséquents et une restructuration durable de la dette.
La direction de l’entreprise, menée par Fabrice Lusinde, insiste sur l’importance de la collaboration avec l’État pour le paiement des factures publiques et la régularisation des titres de concession. Ces mesures sont essentielles pour garantir une stabilité financière et opérationnelle.
En parallèle, la SNEL mise sur l’innovation technologique pour améliorer la qualité de son service. Le déploiement des compteurs communicants et la modernisation des cabines urbaines devraient, à terme, faciliter la gestion de la consommation et réduire les pertes.
Malgré les nombreux défis, la SNEL aborde l’avenir avec optimisme. Forte des avancées réalisées en 2024, l’entreprise s’engage à transformer ses faiblesses structurelles en opportunités de croissance, contribuant ainsi au développement socio-économique de la RDC.
JS