La République démocratique du Congo a haussé le ton le mercredi 16 avril au Conseil de sécurité de l’ONU. Par la voix de sa ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, Kinshasa a exigé la reconnaissance internationale du “génocoste”, un terme inédit désignant le lourd tribut payé par les Congolais en vies humaines et en pertes économiques depuis l’afflux des forces génocidaires rwandaises sur son sol en 1994.
Dans une intervention empreinte de gravité, la cheffe de la diplomatie congolaise a mis en lumière l’impact prolongé du génocide rwandais sur la stabilité de la RDC, en particulier dans l’Est. Selon elle, la résolution 918 du Conseil de sécurité, censée désarmer les miliciens hutus, a involontairement ouvert la voie à leur installation dans les provinces congolaises, déclenchant une série de conflits meurtriers jusqu’à ce jour.
Thérèse Wagner a dénoncé ce qu’elle considère comme un “oubli volontaire” de la communauté internationale vis-à-vis des souffrances congolaises. Elle a pointé du doigt une crise perpétuée par des convoitises économiques sur les ressources du pays, masquées derrière des arguments sécuritaires. “Cela fait trente ans que notre peuple endure l’indifférence mondiale”, a-t-elle déclaré, appelant à une réécriture de l’histoire des Grands Lacs.
Par cette initiative, Kinshasa cherche non seulement à faire reconnaître les responsabilités internationales, mais aussi à rééquilibrer les narratifs dominants sur les conflits de la région. Une demande forte qui remet sur la table le débat sur les responsabilités partagées dans une crise régionale qui n’a que trop duré.
CB