Dans un tournant politique inattendu, quatre grandes figures de la scène congolaise – Joseph Kabila, Martin Fayulu, Moïse Katumbi et Delly Sessanga – ont lancé un appel conjoint en faveur d’un dialogue national inclusif. Dans une déclaration commune transmise à la presse ce jeudi 1 Mai, ils plaident pour une sortie de crise « par les Congolais et pour les Congolais », sous l’égide des Églises.
Réunissant d’anciens adversaires, cette alliance marque un nouveau chapitre dans les dynamiques politiques du pays. Les quatre leaders, longtemps opposés sur les grandes questions nationales, s’accordent désormais sur l’urgence d’un « dialogue interne » qu’ils jugent « indispensable pour identifier les causes profondes de la crise et lui apporter des solutions pérennes ».
S’ils reconnaissent les efforts diplomatiques engagés à Doha, Washington ou par l’Union africaine, les signataires n’en dénoncent pas moins leur déconnexion des réalités locales. « Ces démarches ne sauraient aboutir si elles ne prennent pas en compte les véritables racines internes du conflit », affirment-ils, renvoyant la balle aux initiatives locales.
C’est dans cette optique qu’ils apportent leur soutien à l’appel de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC), qui militent pour un « Pacte social » congolais. Selon eux, cette proposition ecclésiale bénéficie d’une « légitimité populaire » et d’une meilleure capacité à fédérer les différentes composantes de la société.
Les quatre leaders ne ménagent pas non plus leurs critiques envers la gouvernance actuelle. Dans leur texte, ils dénoncent « la violation répétée de la Constitution, la corruption endémique, l’impunité, la restriction des libertés, l’exploitation illégale des ressources naturelles par des puissances étrangères et les ingérences dans les affaires internes ».
Sur le plan régional, l’appel est tout aussi ferme : ils exigent la révision et la publication des accords bilatéraux signés dans le cadre de l’intégration économique, ainsi que le retrait des forces étrangères du sol congolais. « Il est temps », écrivent-ils, d’assainir les relations extérieures pour garantir la souveraineté du pays.
Quant aux récentes avancées diplomatiques entre Kinshasa et Kigali, les quatre leaders adoptent une posture mesurée. « Ces efforts, bien que louables, ne suffisent pas à garantir une paix durable s’ils ne s’inscrivent pas dans une logique de dialogue national inclusif », soulignent-ils.
Enfin, l’appel s’adresse aussi à l’extérieur : Union africaine, Qatar et États-Unis sont invités à « renforcer leur appui à l’initiative congolaise », notamment en soutenant les Églises congolaises et en favorisant une coordination régionale plus efficace dans la région des Grands Lacs.
CB