Depuis son départ du ministère des Finances, Nicolas Kazadi multiplie les interventions publiques pour justifier son bilan et critiquer l’action gouvernementale. Lors d’un récent passage sur une chaîne de télévision congolaise, il n’a pas hésité à dresser un portrait sévère du régime qu’il a pourtant servi, n’épargnant ni ses collègues ni le Président Félix Tshisekedi. Mais derrière cette posture moralisatrice, un contraste s’impose de plus en plus avec la méthode de son successeur, Doudou Fwamba.
L’ancien ministre Kazadi s’est livré à une charge frontale contre les institutions, dénonçant la création de dizaines d’agences sans réelle planification. S’il voulait apparaître comme un lanceur d’alerte, c’est surtout son isolement volontaire qui a frappé les observateurs. En affirmant être le seul à avoir mené un programme du FMI à terme, il s’est placé au-dessus de ses pairs… au risque de réécrire l’histoire.
À l’inverse, Doudou Fwamba, son successeur à la tête du ministère des Finances, s’est engagé dans une démarche plus inclusive et structurée. Dès son entrée en fonction, il a mis l’accent sur la transparence dans la passation des marchés publics, en lien étroit avec la DGCMP, là où Kazadi est accusé d’avoir court-circuité les procédures établies dans plusieurs dossiers sensibles, notamment celui des lampadaires.
La posture de Fwamba tranche également par sa discrétion. Plutôt que de chercher la lumière médiatique, il a préféré se concentrer sur les réformes internes, dont la modernisation du système de trésorerie de l’État et le renforcement du suivi budgétaire. Des avancées saluées par plusieurs institutions financières partenaires de la RDC, qui y voient des signaux positifs de rigueur et de stabilité.
Les critiques envers Kazadi ne viennent pas seulement du camp présidentiel ou de la société civile. Stavros Papaionnaou, ancien dirigeant d’Hewa Bora, a ouvertement mis en doute la gestion de certains marchés sous Kazadi, l’accusant même de manquements graves dans le respect des procédures légales. Un contre-feu que l’ancien ministre n’a, à ce jour, pas su éteindre par des réponses claires.
Pendant ce temps, Fwamba a réaffirmé l’importance de l’orthodoxie financière, en redonnant à la chaîne de dépense publique sa pleine cohérence. Sous sa gestion, plusieurs marchés ont été revus dans le respect des normes, avec une implication accrue des organes de contrôle, contribuant à rassurer les partenaires internationaux et les investisseurs.
Le style Kazadi, souvent qualifié d’arrogant par ses détracteurs, se heurte désormais à un autre modèle : celui d’un ministre plus pragmatique, soucieux des résultats concrets sur le terrain. Les avancées enregistrées en matière de mobilisation des recettes internes sous Fwamba témoignent d’une dynamique plus structurée que celle que Kazadi revendiquait.
Enfin, la communication de Doudou Fwamba reste axée sur l’action collective et non l’exploit individuel. Il reconnaît l’apport de ses équipes et de ses prédécesseurs tout en poursuivant une vision de long terme pour les finances publiques congolaises.
À vouloir se poser en redresseur solitaire, Nicolas Kazadi semble aujourd’hui éclipsé par son successeur. Car dans la gestion publique, les actes dépassent souvent les discours, et Doudou Fwamba en apporte la preuve silencieuse mais éloquente.
CB