Kinshasa hausse le ton face à ce qu’elle qualifie d’“agenda expansionniste” du Rwanda à l’Est de la République démocratique du Congo. Dans un communiqué officiel publié ce 8 mai, le ministère congolais de l’Intérieur alerte sur une recrudescence des exactions commises par l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23/AFC dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, entre le 12 avril et le 7 mai 2025.
Le document, référencé sous le numéro 25/CABVPM/MININTERSEDECACISLBJIO/2025, dénonce une vague de violences aux conséquences dramatiques. Selon le ministère, “plus de 308 personnes ont été assassinées ou exécutées sommairement, 124 cas de viols recensés, 315 actes de torture enregistrés, ainsi que des arrestations arbitraires dans des conditions inhumaines”. Des faits qualifiés de “violations flagrantes” du droit international.
Au-delà des violences armées, Kinshasa pointe une stratégie de désintégration des structures coutumières dans les zones sous occupation. “Transformation des entités coutumières en cités et centres, nomination des animateurs dans ces entités, remplacement de certains chefs coutumiers au profit de personnes sans aucune légitimité coutumière…”, s’indigne le communiqué.
Les autorités évoquent même des disparitions inquiétantes de figures traditionnelles respectées. Le chef de groupement de Rusayo, Janvier Kabumba Bangumya, et son fils sont introuvables depuis le 4 avril. Le ministère parle d’un “système organisé d’élimination de l’autorité coutumière au profit d’un contrôle politique illégal”.
L’exploitation illégale des ressources naturelles vient compléter ce que Kinshasa considère comme une stratégie d’annexion rampante. Le communiqué accuse directement Kigali de soutenir le pillage minier à Rubaya et d’imposer ses entreprises dans des projets d’infrastructures. “Le lancement, le 2 mai 2025 à Sake, des travaux de réhabilitation de la route Sake-Masisi, exécutés par DELTA TWO CONSTRUCTION SARL, une entreprise rwandaise créée en 2008, illustre cette mainmise économique”, dénonce-t-on.
Pour Kinshasa, le moment est venu pour la communauté internationale de sortir de sa réserve. “Le silence ou la passivité de la communauté internationale n’est plus acceptable face à cette guerre de basse intensité orchestrée par Kigali pour affaiblir durablement l’État congolais”, prévient le ministère.
La RDC annonce poursuivre la documentation de ces actes en vue de les porter devant les juridictions compétentes. “La paix dans la région des Grands Lacs ne pourra être atteinte sans une reconnaissance et une condamnation claire de ces actes par les Nations Unies et l’Union africaine”, conclut le communiqué.
CB