L’Assemblée provinciale du Kasaï-Oriental a adopté ce samedi 10 mai à Mbuji-Mayi, dans une ambiance électrique, un rapport parlementaire explosif mettant en cause le gouverneur Jean-Paul Mbwebwa Kapo. Ce document, fruit d’une enquête de plusieurs semaines, l’accuse de détournement de fonds publics estimés à plus de trois millions de dollars américains.
Selon le président de la commission d’enquête, Christian Ngandu, « ces fonds, initialement destinés à la subvention provinciale et à un projet agricole, ont été utilisés à des fins non conformes, appuyés par de faux justificatifs et le paiement d’agents fictifs ». La commission, assistée de la vice-présidente Eugénie Tshilanda et du député Franck Kazadi, évoque également des cas de placements illégaux de fonds publics en Dépôt à Terme (DAT).
Le vote n’a pas fait l’unanimité : sur 24 députés présents, 14 ont soutenu le rapport tandis que 10 s’y sont opposés, illustrant les clivages profonds au sein de l’hémicycle. « Ce rapport est à charge et rédigé dans une intention manifeste de nuire au gouverneur », a fustigé un député proche de l’exécutif. Pour lui, il ne s’agit ni plus ni moins que d’« une chasse aux sorcières ».
À l’inverse, des élus favorables au rapport appellent à la responsabilité et à la transparence. « Ce qui est en jeu ici, c’est la gestion des deniers publics. Nous ne pouvons pas détourner le regard », a défendu un député de la majorité parlementaire. « Il ne s’agit pas de politique, mais de vérité et de justice », a-t-il insisté.
L’Assemblée provinciale n’en a pas fini avec ce dossier brûlant. Après l’adoption du rapport sur la forme, un second vote déterminant est attendu sur le fond. Celui-ci pourrait déboucher sur la mise en accusation du gouverneur et de plusieurs membres de son gouvernement. « C’est un tournant pour notre province », a conclu un député. « Nous devons choisir entre la complicité silencieuse et le courage politique. »
CB