Le gouvernement congolais entame une nouvelle phase de régulation du secteur fluvial en fermant 240 ports illégaux répartis dans 14 provinces du pays. Cette initiative, annoncée par Jean-Pierre Bemba, Vice-premier ministre et ministre des Transports, marque un tournant dans la gestion des voies navigables, qui ont longtemps souffert de pratiques illégales et de manque de contrôle.
« Cette mesure vise à restaurer l’autorité de l’État et à mettre fin à l’anarchie qui règne sur nos voies navigables », a déclaré Jean-Pierre Bemba dans une correspondance officielle adressée au ministre de l’Intérieur. Selon lui, ces ports non homologués étaient devenus des points de passage incontrôlés, alimentant l’insécurité, la contrebande et l’évasion fiscale, des fléaux qui gangrènent l’économie du pays.
Les autorités congolaises ont pris cette décision après une série de recommandations émises lors des 46e et 52e réunions du Conseil des ministres. Ces recommandations dénonçaient l’absence de régulation dans le secteur fluvial et les risques associés à la prolifération de ces installations illégales. « Il est temps d’assainir un secteur gangrené par des complicités à tous les niveaux », a souligné le ministre des Transports, insistant sur la nécessité de remettre de l’ordre.
Cependant, cette opération ne se fait pas sans heurts. Selon des sources proches du dossier, plusieurs personnalités politiques de haut rang seraient impliquées dans la gestion de ces ports illégaux. Le sénateur Modeste Bahati Lukwebo et l’ancien ministre José Makila figurent parmi les noms cités dans une liste confidentielle, ce qui pourrait compliquer la mise en œuvre de la décision.
Malgré ces implications politiques, le ministère des Transports est ferme : « Quelle que soit la position ou l’influence de ceux qui sont impliqués, la loi doit être appliquée », a affirmé un membre du cabinet de Jean-Pierre Bemba, sous couvert d’anonymat. Cette position témoigne de la volonté du gouvernement de mener cette opération à son terme, même si cela implique de s’attaquer à des figures influentes.
La fermeture des ports illégaux pourrait aussi être le prélude à une réforme en profondeur du transport fluvial en RDC. En plus de son impact sécuritaire, cette initiative traduit une volonté politique de rétablir la transparence et de remettre de l’ordre dans un secteur vital pour l’économie nationale, longtemps laissé à la merci d’intérêts privés. Les autorités espèrent que cette action marquera le début d’un processus de transformation durable du transport fluvial dans le pays.
CB