Lancée avec fracas en décembre dernier, l’opération Ndobo se voulait une réponse musclée à l’insécurité croissante dans les grandes agglomérations congolaises. Cinq mois plus tard, le bilan est impressionnant sur le plan judiciaire : 3 829 criminels ont été condamnés, selon les chiffres communiqués par le ministre de l’Intérieur, Jacquemin Shabani.
« Depuis le début de l’opération, 6 239 personnes ont été interpellées pour des faits criminels », a déclaré le Vice-Premier ministre. « Parmi elles, 3 829 ont été jugées et condamnées, tandis que 2 410 dossiers restent en cours d’instruction », a-t-il précisé lors d’une conférence de presse tenue ce week-end.
Visant en priorité les groupes armés urbains, notamment les tristement célèbres Kuluna, l’opération Ndobo a ciblé les quartiers chauds de Kinshasa, mais s’est aussi étendue au Kongo Central et au Haut-Katanga. « L’objectif est de restaurer l’ordre public dans toutes les zones affectées par ces violences », a rappelé le ministre, affirmant que l’opération prendra bientôt une dimension encore plus nationale.
Cependant, malgré ce dispositif répressif, la peur continue de hanter les rues de la capitale. « Les quartiers périphériques de Kinshasa restent des foyers d’insécurité, avec des braquages, des extorsions et des violences récurrentes », a reconnu Jacquemin Shabani. Une situation qui montre que les racines du phénomène Kuluna sont profondes et complexes.
S’il salue « des résultats tangibles » dans la lutte contre le banditisme, le ministre de l’Intérieur appelle à la prudence. « Bien que des condamnations aient été prononcées, la route vers une sécurité durable est encore longue », a-t-il admis, laissant entendre que l’éradication de l’insécurité nécessitera bien plus qu’un simple coup de filet.
Pour les autorités congolaises, la répression ne suffit pas. « Il est essentiel de renforcer la confiance entre la population et les forces de l’ordre, mais aussi d’investir dans des programmes de réinsertion pour les anciens délinquants », a insisté le ministre, plaidant pour une approche équilibrée entre justice et réhabilitation.
Au-delà des chiffres, l’avenir de l’opération Ndobo dépendra de sa capacité à transformer les résultats immédiats en une sécurité durable. « Nous poursuivrons nos efforts pour suivre l’exécution des peines, tout en construisant des solutions à long terme », a conclu Jacquemin Shabani. Reste à savoir si ces engagements tiendront face à la réalité du terrain.
CB