Le Sénat congolais traverse un moment de vérité institutionnelle avec l’ouverture d’une procédure inédite visant la levée des immunités parlementaires de Joseph Kabila, ancien président de la République et aujourd’hui sénateur à vie. Une commission spéciale a été instituée ce jeudi 15 mai 2025 pour examiner, dans un délai de 72 heures, la recevabilité de cette démarche judiciaire enclenchée par l’auditeur général des Forces armées.
Dès le début de la séance plénière, le ton a été donné par la sénatrice Christine Mwando Katempa, membre du groupe politique Ensemble, qui a vivement contesté la compétence de la seule plénière à statuer sur une telle question. « Une telle décision ne relève pas de la compétence de la seule plénière, mais doit être soumise au Congrès », a-t-elle déclaré, invoquant l’article 224 du règlement intérieur du Sénat. Son intervention a déclenché des échanges tendus parmi les sénateurs, illustrant la sensibilité du dossier.
Les débats, qui se sont poursuivis à huis clos, ont révélé une profonde division au sein de l’hémicycle. Selon une source parlementaire, « il y avait ceux qui réclamaient une transparence totale dans ce dossier, et d’autres qui mettaient en garde contre les conséquences politiques d’un tel précédent ». Ce climat de tension a conduit à la mise en place de la commission spéciale, censée apaiser les esprits et recentrer les discussions sur les aspects strictement juridiques.
Pour les membres du bureau du Sénat, il ne s’agit pas d’un procès politique, mais d’un exercice de responsabilité institutionnelle. « Il ne s’agit pas d’un procès, mais d’un examen rigoureux des fondements juridiques de la procédure engagée contre un ancien chef d’État », a expliqué un sénateur proche du dossier. La mission de la commission est donc de statuer sur la recevabilité de la requête judiciaire, avant tout débat en plénière ou au Congrès.
Ce moment politique met en lumière un dilemme de fond : jusqu’où aller dans la redevabilité des anciens dirigeants sans ébranler l’équilibre institutionnel du pays ? Une question qui divise les élus autant qu’elle interpelle l’opinion publique. « Nous devons éviter que le Sénat ne devienne un bouclier d’impunité », a insisté un sénateur favorable à la levée de l’immunité de Joseph Kabila.
CB