La province du Kasaï-Oriental entre dans une nouvelle phase de transition institutionnelle. Le Vice-gouverneur Augustin Kayemba Mulemena a été officiellement chargé d’assurer l’intérim à la tête de l’exécutif provincial, à la suite de la mise en accusation du gouverneur Jean-Paul Mbwebwa Kapo. Cette décision, relayée ce lundi 19 mai 2025 par un télégramme émanant du Vice-premier ministre de l’Intérieur, Jacquemin Shabani Lukoo, marque un tournant politique majeur pour cette province stratégique du centre de la RDC.
La mesure s’appuie sur les dispositions de l’article 160, tel que modifié par la loi N°17/013 du 24 décembre 2017, qui encadre la gestion intérimaire du pouvoir provincial en cas de vacance ou d’empêchement du titulaire. Dans ce cadre, le Vice-gouverneur devient l’autorité par intérim chargée d’expédier les affaires courantes, en attendant soit l’élection d’un nouveau gouverneur, soit une éventuelle réhabilitation judiciaire de l’actuel mis en cause.
La passation de pouvoir devra se faire sans délai, sous la supervision de l’Inspection Générale de la Territoriale, assistée par le comité provincial de sécurité. Cette transition vise à garantir la continuité de l’administration provinciale, tout en apaisant les tensions nées du scandale financier qui secoue le gouvernorat.
Le gouverneur Mbwebwa Kapo est accusé par une commission parlementaire d’avoir détourné une subvention publique de 3 millions de dollars américains. Ce dossier, largement débattu en plénière à l’Assemblée provinciale, a abouti à une mise en accusation par 14 députés contre 10, sur les 24 que compte l’hémicycle de Mbuji-Mayi.
Face à cette décision, Jean-Paul Mbwebwa Kapo ne compte pas rester silencieux. Il conteste la régularité de la procédure ayant conduit à sa suspension et a saisi la Cour constitutionnelle pour faire valoir ses droits. Un récépissé a été déposé, signalant un recours contre la décision de l’Assemblée provinciale.
En parallèle, la Cour de cassation a été saisie pour examiner le fond du dossier et déterminer les responsabilités pénales éventuelles. Si reconnu coupable, l’ancien gouverneur pourrait définitivement perdre son poste et faire face à des sanctions judiciaires. Dans le cas contraire, il pourrait être réhabilité et reprendre ses fonctions.
Pour l’heure, tous les regards sont tournés vers Augustin Kayemba Mulemena, qui hérite d’une province en pleine tourmente. Sa capacité à gérer l’intérim et à restaurer la confiance des citoyens et des partenaires institutionnels sera déterminante pour l’avenir du Kasaï-Oriental.
CB