Dans un tournant sans précédent de l’histoire politique congolaise, le Sénat de la République démocratique du Congo a levé les immunités parlementaires de l’ancien président Joseph Kabila, désormais exposé à des poursuites judiciaires. Cette décision, adoptée à une écrasante majorité, ouvre la voie à une possible inculpation pour trahison et crimes de guerre.
Sur les 96 sénateurs présents lors du vote, 88 ont soutenu la levée des immunités, tandis que cinq seulement s’y sont opposés. « C’est un moment crucial pour la démocratie congolaise », a déclaré un sénateur sous couvert d’anonymat. « La justice doit suivre son cours, même lorsqu’il s’agit d’un ancien chef d’État. »
Cette résolution fait suite à une demande formelle de la Haute Cour militaire, qui soupçonne Joseph Kabila d’avoir apporté un soutien logistique et stratégique aux rebelles du M23/AFC. Selon la juridiction militaire, ces actes pourraient constituer des faits de trahison et de participation à des crimes de guerre commis dans l’est du pays.
À la suite du vote, l’ancien président ne pourra plus siéger au Sénat en tant que sénateur à vie « jusqu’à nouvel ordre », selon le communiqué officiel de la chambre haute. Cette suspension immédiate renforce la portée politique et symbolique de la décision parlementaire.
Pour l’heure, aucune réaction officielle n’a été émise par le camp Kabila. Toutefois, cette levée d’immunités marque une rupture inédite dans l’équilibre institutionnel de la RDC. « C’est un signal fort », estime un analyste politique. « La justice s’affirme, même face aux figures les plus puissantes du passé. »
CB