L’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo a installé, le lundi 26 mai 2025, une commission spéciale chargée d’examiner la demande de levée des immunités parlementaires de Constant Mutamba, ministre d’État en charge de la Justice. Cette démarche fait suite à un réquisitoire du procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, qui l’accuse de détournement de fonds publics à hauteur de 19 millions de dollars destinés à la construction d’une prison à Kisangani.
Composée de 22 membres et dirigée par le député national Meschac Mandefu, la commission a pour mission d’instruire le dossier en toute diligence. Elle dispose de trois jours pour auditionner les parties concernées et remettre son rapport à la plénière d’ici jeudi 29 mai. Dès ce mardi, elle doit entendre le procureur général afin qu’il expose les éléments justificatifs de sa demande.
Le ministre Constant Mutamba, figure montante du gouvernement, a réagi avec une virulence inédite. Lors d’une sortie publique au Palais de justice de Kinshasa, il a fermement rejeté toute idée de comparution devant la Cour de cassation, estimant que le procureur n’était pas légitime à engager des poursuites à son encontre. Il affirme que Firmin Mvonde serait lui-même visé par des enquêtes judiciaires.
Dans une déclaration chargée de défiance, Mutamba a affirmé ne pas craindre la prison, dénonçant une tentative d’humiliation politique. Il a même sommé les hauts responsables de son ministère de ne pas collaborer avec la justice dans le cadre de cette affaire. « Je suis là, à Kinshasa, prêt à affronter cette cabale », a-t-il lancé, dans un ton de défi assumé.
Le ministre se défend également sur le fond. Selon lui, le contrat incriminé pour la construction de la prison a été passé de gré à gré dans le cadre d’une autorisation spéciale. Il soutient que la procédure suivie respecte les dispositions légales, notamment le principe selon lequel le silence de l’autorité approbatrice pendant dix jours vaut approbation.
Ce bras de fer entre l’exécutif et le pouvoir judiciaire intervient dans un climat politique tendu, où les questions de bonne gouvernance et de transparence sont de plus en plus scrutées par l’opinion publique. Le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a d’ailleurs rappelé que son institution ne ferait « aucun obstacle à la justice », promettant une gestion impartiale et transparente de cette procédure.
CB