Alors que l’Assemblée nationale a récemment donné son feu vert à l’autorisation de poursuites contre Constant Mutamba dans une affaire d’envergure, des voix s’élèvent pour recentrer les priorités sur les besoins fondamentaux de la population. Dans la province de la Tshopo, une question brûlante fait débat : faut-il construire une nouvelle prison centrale avec les fonds destinés à l’indemnisation des victimes des conflits, ou investir enfin dans la réhabilitation du réseau électrique, vital pour la sécurité et le développement ?
Une population condamnée à l’obscurité?
Depuis des décennies, la population de la Tshopo vit dans l’obscurité quasi totale.
L’absence d’électricité paralyse non seulement les activités économiques, mais elle accentue aussi l’insécurité dans les quartiers. Les rues plongées dans le noir deviennent le terrain d’action privilégié des malfaiteurs, mettant en danger les vies et les biens des citoyens.
« Nous sommes les oubliés de la République », confie un habitant de la commune de Mangobo. « Sans électricité, nos enfants ne peuvent pas étudier le soir, nos commerces ne fonctionnent pas, et nos familles vivent dans la peur. »
Des fonds détournés de leur objectif initial ?
Les fonds actuellement en discussion proviennent de l’enveloppe allouée à l’indemnisation des victimes des guerres et conflits qui ont endeuillé la région. Ces ressources exceptionnelles auraient pu et dû être utilisées pour restaurer les services essentiels à la vie : eau, électricité, santé, éducation. Au lieu de cela, des projets controversés émergent, comme celui de la construction d’une prison à Kisangani.
Une partie de la société civile dénonce un projet déconnecté des réalités locales. « Construire une prison, alors que la majorité de la population vit dans l’insécurité due à l’absence d’éclairage public, c’est mettre la charrue devant les bœufs !
Réhabiliter l’électricité : une urgence vitale
Réhabiliter le réseau électrique de la Tshopo serait une réponse concrète aux cris de détresse des populations.
Cela permettrait de relancer les activités économiques, d’améliorer l’accès aux soins de santé, de renforcer la sécurité, et d’offrir une lueur d’espoir à une jeunesse souvent livrée à elle-même.
Plusieurs analystes estiment que la priorité des priorités dans cette province demeure la fourniture d’une électricité fiable, socle du développement durable.
Une mobilisation citoyenne nécessaire
Alors que les débats se poursuivent au niveau national, les habitants de la Tshopo appellent à une mobilisation citoyenne pour exiger une gestion rationnelle et équitable des fonds publics. Des campagnes de sensibilisation, des pétitions et des rassemblements commencent à se multiplier pour rappeler aux décideurs que les besoins primaires ne peuvent plus être ignorés.
En conclusion, la question n’est pas de nier la nécessité d’un système judiciaire fonctionnel, mais de reconnaître que sans lumière, ni infrastructures de base, aucune justice, aucune paix durable, ni aucun progrès n’est possible. La Tshopo mérite mieux. La Tshopo mérite la lumière.
Espedi SAILE