La redevance « Go Pass » de la Régie des Voies Aériennes (RVA) se retrouve au centre d’un tourbillon politique. Vendredi 30 mai 2025, l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo a décidé de lancer une commission d’enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur la gestion opaque de cette taxe aéroportuaire en vigueur depuis près de quinze ans. Cette initiative marque un tournant dans l’exercice du contrôle parlementaire.
À l’origine de cette mobilisation, une interpellation musclée du député Claude Misare à l’encontre du directeur général de la RVA, Ngoma Mbaki. L’audition publique, qui s’est déroulée dans un climat tendu, visait à obtenir des explications claires sur les mécanismes de collecte et d’utilisation du « Go Pass ». Mais les réponses du responsable de la RVA n’ont pas satisfait les parlementaires, laissant planer le doute sur la gestion de cette redevance.
Le député Misare n’a pas mâché ses mots, affirmant que « la population congolaise a été escroquée pendant 15 ans » à travers cette taxe systématiquement prélevée sur chaque billet d’avion. Une accusation lourde, qui a suscité de vives réactions au sein de l’hémicycle et renforcé la nécessité d’une enquête indépendante.
En s’appuyant sur l’article 210 du Règlement intérieur, l’élu a obtenu l’aval de ses collègues pour mettre en place une commission d’enquête. Celle-ci aura pour mandat d’examiner en profondeur les flux financiers générés par le « Go Pass », de détecter d’éventuelles irrégularités, et de formuler des recommandations pour une meilleure gouvernance.
Au-delà du cas spécifique de la RVA, cette démarche traduit une volonté plus large de renforcer la transparence dans la gestion des entreprises publiques. La RVA, acteur clé du transport aérien congolais, est aujourd’hui sommée de rendre des comptes sur sa gestion financière et sur l’impact réel de la redevance sur les infrastructures aéroportuaires.
L’initiative parlementaire intervient alors que le débat sur la moralisation de la vie publique s’intensifie en RDC. Pour de nombreux observateurs, cette enquête pourrait faire jurisprudence et ouvrir la voie à d’autres investigations dans les secteurs jugés sensibles ou opaques.
En s’attaquant frontalement au « Go Pass », l’Assemblée nationale envoie un signal fort : la gestion des fonds publics ne peut plus se faire dans le flou. Les regards sont désormais tournés vers les conclusions de la commission d’enquête, attendues avec impatience par une population désireuse de justice et de clarté.
CB