Le gouvernement congolais souhaite insuffler une nouvelle dynamique au secteur public agricole en misant sur le redémarrage du Parc Agro-industriel de Bukanga-Lonzo, longtemps resté à l’arrêt après un scandale de détournement retentissant. Lors du dernier Conseil des ministres tenu le 30 mai à la Cité de l’Union africaine, le ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Bussa Tongba, a dévoilé les premières orientations de cette relance.
En tête de ses priorités figure la réactivation du parc de Bukanga-Lonzo, projet emblématique mais controversé, censé être un moteur de production agricole à grande échelle. Le ministre a rappelé que d’importantes ressources financières et matérielles avaient déjà été investies dans cette initiative. Pour capitaliser sur ces investissements, il a proposé la création d’une commission interinstitutionnelle chargée de mener une mission d’évaluation exhaustive.
« Cela permettra de pouvoir élaborer un plan de relance sur base des éléments objectifs en vue de rentabiliser l’investissement déjà consenti », a souligné Jean-Lucien Bussa dans son compte rendu au Conseil des ministres. Une approche qui se veut pragmatique, fondée sur un diagnostic clair et partagé.
Cette relance ne concerne pas uniquement Bukanga-Lonzo. Le ministre a également évoqué la nécessité de remettre en selle Triomf RDC, une filiale de la société sud-africaine Africom Agri « Pty » Ltd, spécialisée dans la production d’engrais. Ce soutien industriel est présenté comme un levier essentiel pour booster l’agriculture nationale.
Dans cette optique, le ministère de l’Agriculture explore actuellement des mécanismes de financement alternatifs afin de soutenir les ambitions du gouvernement. « Au demeurant, le ministre du portefeuille a évoqué la nécessité et l’urgence de rendre performantes ces entreprises du portefeuille dont l’objet social correspond à la croissance de la production agricole », a-t-il insisté.
L’objectif est clair : réduire la dépendance alimentaire de la RDC, où le pays continue d’importer une part significative de ses denrées de base pour une facture annuelle estimée à 1,5 milliard de dollars. Une situation jugée insoutenable face à l’immensité des terres arables du pays.
Mais cette relance intervient dans un contexte délicat. L’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, architecte du projet de Bukanga-Lonzo, a récemment été condamné à 10 ans de travaux forcés pour détournement de fonds. Deux de ses co-accusés, Déogratias Mutombo, ex-gouverneur de la Banque centrale, et Christo Grobbler, patron d’Africom, ont écopé de 5 ans. Plus de 200 millions de dollars destinés au projet avaient disparu, selon la Cour constitutionnelle.
Ce passif judiciaire pèse sur la perception du projet, mais le gouvernement entend désormais tourner la page, avec une volonté affichée de rationaliser et rentabiliser les projets agricoles stratégiques, au service de la souveraineté alimentaire de la RDC.
CB