Vingt-cinq ans après la guerre des Six Jours, Kisangani, jadis fière métropole du Nord-Est congolais, reste meurtrie. Entre violences urbaines, pénurie d’électricité et insécurité chronique, la ville vit dans l’ombre d’un abandon institutionnalisé. Les armes se sont tues, mais les cicatrices, elles, restent ouvertes.
Une ville meurtrie, une mémoire vivante
Dans les rues délabrées de Kabondo, les impacts de balles marquent encore les murs. Les cicatrices ne sont pas que physiques : elles sont aussi dans les regards, dans les récits étouffés des survivants et les tombes anonymes. L’insécurité s’est enracinée, presque banalisée, transformant le quotidien en un combat pour la survie.
Une insécurité structurelle devenue chronique
De Kabondo à Tshopo, en passant par Makiso, Lubunga et Mangobo, les quartiers de Kisangani vivent sous alerte permanente. Les coupures d’électricité, constantes, plongent la ville dans l’obscurité, terrain idéal pour les bandits. À la tombée du jour, c’est l’angoisse qui prend la relève.
Économie à genoux, jeunesse sacrifiée
L’insécurité mine non seulement la paix sociale mais aussi le tissu économique. Commerces fermés dès la fin d’après-midi, investisseurs étrangers absents, et transports devenus dangereux : Kisangani, autrefois troisième pôle économique du pays, survit désormais dans l’informalité. Les jeunes, eux, n’ont d’autre choix que l’exil ou la débrouille.
L’appel à un sursaut national
Dans ce contexte d’abandon, le silence des autorités nationales est assourdissant. Kisangani mérite mieux que des discours de commémoration. Elle réclame justice, réparation et avenir. Laisser cette ville sombrer, c’est nourrir un volcan social aux conséquences imprévisibles.
Refuser l’amnésie nationale
Les Boyomais attendent toujours un monument officiel pour leurs morts. Les responsables de la guerre des Six Jours n’ont jamais été jugés. La reconstruction promise n’est jamais venue. Pour beaucoup, l’oubli est plus douloureux que la guerre. Il est temps que la République leur rende mémoire et justice.
Alain Baendo