Un communiqué conjoint de la Nouvelle Dynamique de la Société Civile (NDSCI) et de la Synergie des Avocats pour le Développement Durable (SADD), parvenu à Baromètre.cd ce samedi 7 Juin 2025, revient sur les violences survenues dans la Commune de Lubunga, à Kisangani, entre les communautés Mbole et Lengola. Les deux structures pointent du doigt les causes du conflit et s’indignent de leur mise à l’écart dans le processus d’indemnisation des victimes.
Selon le communiqué, « la Commune Lubunga à Kisangani a été le théâtre d’un conflit meurtrier et sanglant mettant aux prises les communautés Mbale et Lengola, lequel était né de la dépossession des terres communautaires en faveur de la société coopérative Agro Pastorale du Congo, CAP CONGO SARL ». Les deux organisations estiment que cette dépossession foncière est à la base de la tragédie.
La NDSCI et la SADD critiquent fermement la légalité des documents ayant permis cette occupation foncière. « Nous constatons que ces contrats ont été signés sans tenir compte des droits des communautés locales », déplorent-elles, évoquant une violation des règles prévues par l’article 185 de la loi foncière et l’article 16 de la loi agricole.
Présentes sur le terrain dès les débuts du conflit, les deux organisations affirment avoir joué un rôle déterminant dans la collecte d’informations sur les abus. « Nous avons été présents sur le terrain pour constater les violations des droits humains et les souffrances des populations », rappellent-elles, soulignant leur engagement dans la documentation et le monitoring.
Dans leur communiqué, la NDSCI et la SADD saluent néanmoins l’engagement du Fonds National de Réparation des Victimes de violences sexuelles liées aux conflits et des crimes contre la paix (FONAREV). « Nous apprécions l’implication du FONAREV dans ce processus », déclarent-elles, reconnaissant son rôle d’identification et d’accompagnement des victimes.
Mais ce soutien est teinté d’amertume. Les deux organisations expriment leur frustration face à ce qu’elles considèrent comme un désaveu de leurs efforts. « Nous sommes choquées et déçues par la tournure des événements », affirment-elles, estimant que leur contribution dans le processus de justice et de réparation est aujourd’hui ignorée.
Elles dénoncent par ailleurs une certaine récupération du processus par d’autres acteurs. « Certaines organisations de la société civile de la Province de l’Ituri et leurs responsables, pour leurs intérêts égoïstes, s’appuient sur le FONAREV », fustigent-elles, tout en regrettant l’exclusion d’acteurs clés, dont elles-mêmes, dans le mécanisme de réparation.
Les deux structures exhortent le FONAREV à revoir son approche pour éviter que son action ne soit perçue comme partiale ou injuste. « Nous invitons le FONAREV à la vigilance et à la prudence pour éviter le discrédit et le sabotage de ses actions pourtant salvatrices », préviennent-elles, appelant à une prise en compte des témoignages de terrain.
Le communiqué insiste sur la nécessité d’impliquer les acteurs de première ligne qui ont documenté les atrocités. Pour la NDSCI et la SADD, seule une démarche inclusive permettra d’aboutir à une justice équitable pour les victimes du conflit Mbale-Lengola.
« Nous sommes déterminées à continuer à travailler pour que justice soit rendue aux victimes du conflit », concluent les deux organisations, réaffirmant leur engagement en faveur des droits des communautés locales et de la justice transitionnelle.

Baromètre.cd