Sous le son envoûtant des trompettes et des trombones, le quartier de Selembao à Kinshasa, en RDC, se prépare à vivre une compétition de catch comme jamais auparavant. Ces combats spectaculaires attirent un grand nombre de spectateurs dans la capitale congolaise, où le catch est ancré depuis des années dans les habitudes des habitants.
Le catch, un mélange de sport et de spectacle déjanté, voit les participants s’affronter en mimant des combats violents. Mais ici, la technique ne garantit pas nécessairement la victoire. La « magie » joue également un rôle important. Maîtresse Libondans, une jeune femme de 28 ans, canne en main et imprégnée de « pouvoirs mystiques », tente d’hypnotiser ses adversaires.
Elle affirme se référer aux fétiches pour influencer le cours des combats. « J’ai bien maîtrisé mon adversaire. Avant de venir ici, je m’étais déjà bien préparée chez moi. Il fallait qu’il rentre chez lui pour mieux préparer ses incantations », explique-t-elle avec assurance.
Outre l’aspect technique, le côté mystique a également son mot à dire dans ces combats épiques. Un lutteur, revêtu d’une robe de femme, terrasse son adversaire à l’aide d’un sortilège d’envoûtement et fait jaillir des flammes sur le ring.
Panthère, catcheur-féticheur de Selembao, dont le visage est recouvert de talc, se livre à des rituels dans son « temple ». Il profère des incantations mystérieuses et place une cigarette dans la bouche d’une statuette qui aspire la fumée avant de la recracher.
« La statuette qui fait sortir la fumée est le plus vieil ancêtre de ce temple, et cette démonstration en est la preuve. Il se manifeste par la fumée et c’est ainsi que nous ressentons sa présence », déclare Ngeyitala Panthère, lutteur et guérisseur vaudou.
Les rites traditionnels et la chrétienté sont profondément ancrés en RDC, et cela se reflète dans l’univers du catch. Les lutteurs vaudous racontent les risques et les sacrifices qu’ils doivent endurer pour atteindre ce niveau de maîtrise.
« Il y a beaucoup de risques dans ces rituels. De plus, nous faisons des sacrifices ; pour atteindre ce niveau, il faut faire beaucoup de sacrifices. Ce n’est pas une blague d’avoir ce serpent dans la main, il y a beaucoup de sacrifices à faire », raconte Mutombo Yambula, alias « Bic rouge », lutteur vaudou.
Ainsi, à Selembao, le catch va bien au-delà d’un simple spectacle sportif. C’est une fusion entre sport et mystique, où les lutteurs puisent dans des pratiques ancestrales pour offrir un spectacle unique et captivant. Cette compétition de catch est un témoignage vivant de la richesse culturelle et de la diversité des croyances en RDC.
Nicolas Kayembe