Dans la province du Haut-Katanga, l’ambitieux projet minier de Kipushi Corporation (Kico), une firme canadienne d’Ivanhoe Mines, suscitait de grands espoirs pour la cité minière de Kipushi. Cependant, malgré les promesses de revitalisation économique et de création d’emplois, la population locale constate que ces engagements n’ont pas été tenus, laissant un goût amer dans la communauté.
Alors que Kico avait pour objectif de « créer » des opportunités d’emploi pour les habitants locaux, les sources locales révèlent que l’entreprise semble « privilégier un recrutement basé sur des connexions personnelles », laissant de nombreux résidents sans perspectives d’embauche. « Les gens engagés sont seulement leurs frères, leurs connaissances. Nous, on ne nous engage pas », déplore une mère de famille de 11 enfants, travaillant dans un site d’extraction des graviers à côté des usines de production de Kico.
Cette situation a exacerbé les difficultés financières de nombreuses familles, certaines se retrouvant dans des situations précaires. « J’ai un enfant en 6ème secondaire, il y a beaucoup à acheter pour qu’il fasse bien ses études. Depuis que Kico nous a chassé de là où on travaillait avant, ma production a baissé et donc, ça devient difficile de tout gérer », témoigné la mère à Mines.cd.
Malgré des pressions exercées sur l’entreprise pour favoriser l’emploi local, les habitants constatent que la représentativité des autochtones au sein de l’entreprise demeure faible. « Lorsque Kico lance les offres, on constate que ces offres sont fantaisistes, en réalité, il y a des gens qui ont déjà ces postes […] on engage que ceux qui viennent d’ailleurs avec le système de quota », dénonce maître Joe, un cadre de la société civile.
En dépit de ces difficultés, certains demeurent optimistes quant à la possibilité de voir émerger des opportunités d’emploi à l’approche de la phase de production de zinc, tout en soulignant l’importance de la compétence dans le secteur minier.
« Je pense que les enfants de Kipushi seront représentés dans les sous-traitants voire chez Kico […] on peut tuer le projet si le seul facteur d’être embauché est d’être de kipushi », espère Isidore Mulangu, un acteur politique qui prévient tout de même que « le monde minier demande une compétence ».
Face à cette situation, la population de la cité minière appelle à une action concertée pour que le projet minier profite véritablement à la communauté locale. Les habitants expriment le besoin de maintenir la pression sur Kico afin de réaliser les promesses de renaissance économique et d’opportunités pour les autochtones de Kipushi.
Nicolas Kayembe