Nommé entraîneur de l’AS Vita Club en janvier dernier, Abdeslam Ouaddou a quitté le célèbre club de Kinshasa à mi-septembre, laissant derrière lui des souvenirs mitigés. Dans une interview exclusive pour Afrik-Foot, l’ex-international marocain évoque à la fois des moments positifs et des frustrations concernant la gestion du club et le potentiel inexploité de la RDC.
Pour Ouaddou, son expérience chez les Dauphins noirs a été enrichissante sur le plan humain. Il décrit la RDC comme un « pays de football » regorgeant de talents explosifs. Cependant, il ne peut ignorer le manque d’infrastructures adéquates, un frein majeur au développement des joueurs. Il insiste sur le fait qu’avec un soutien gouvernemental approprié, le pays pourrait libérer un potentiel immense :
“C’est l’une des plus belles expériences que j’ai vécues en tant qu’entraîneur. C’est un ‘pays continent’, avec une diversité, un peuple exceptionnel. La RDC est un pays de football, avec des joueurs de talent, des footballeurs explosifs. Le seul bémol, c’est le manque d’infrastructures. Si le gouvernement s’y met, on aura énormément de talents qui vont sortir de ce pays. C’est une très belle expérience“, décrie-t-il.
Malgré l’héritage prestigieux de V.Club, avec plusieurs titres du championnat national et vainqueur de la Ligue des Champions de la CAF, Ouaddou a été frappé par la réalité quotidienne du club. Loin de l’image d’un géant du football, il constate un manque de moyens structurels, avec des entraînements effectués sur différents terrains chaque jour.
“C’est l’un des plus grands clubs au monde. Malheureusement, le V.Club est une coquille vide. Malgré ses titres et ses exploits, le club n’a même pas un centre d’entraînement. On s’entraîne tous les jours sur un terrain différent. Le matin, on ne sait pas sur quel terrain nous allons nous entraîner. Pour un club de cette dimension, ce n’est juste pas normal. J’ai été recruté justement pour aider à structurer le club, avec des investisseurs. Ces derniers n’ont jamais été là. On n’avait pas de finances, les fameux investisseurs ont disparu du jour au lendemain”, souligne-t-il.
L’entraîneur a tenté d’initier des changements en créant une équipe de marketing et communication pour générer des ressources. Toutefois, ses efforts se sont heurtés à des obstacles administratifs. “J’ai voulu mettre sur pied une équipe marketing et communication pour avoir des ressources additionnelles, mais c’était impossible. La coquille était vide, je me suis concentré sur le sportif avec une Coupe de la RDC remportée. Quand les fondements ne sont pas au niveau, c’est difficile de gagner dans la durée”, admet Ouaddou.
Enfin, Abdeslam Ouaddou a précisé qu’il n’a pas officiellement démissionné, mais qu’il est en pourparlers avec les dirigeants du club pour clarifier sa situation contractuelle. “Je n’ai pas officiellement démissionné, je suis en discussion avec les responsables du club pour pouvoir officiellement être libre”, affirme-t-il.
Sa décision de quitter les Moscovites de Kinshasa révèle des enjeux plus vastes, posant la question de l’avenir du football en RDC et de la nécessité de réformes structurelles urgentes.
Nicolas Kayembe