Alors que la République démocratique du Congo (RDC) fait face à de multiples défis sécuritaires et technologiques, le Professeur Albert Kabasele Yenga-Yenga, Directeur général de l’ISPT Kinshasa et expert en télédétection spatiale, plaide pour une révolution dans la manière de gouverner. Selon lui, la souveraineté nationale passe aujourd’hui par la maîtrise des technologies spatiales.
« La guerre moderne et la souveraineté nationale aujourd’hui, c’est la technologie spatiale. Le satellite est le cœur des armées et de la souveraineté », a-t-il affirmé.
Dans une prise de parole percutante, le Professeur Kabasele dénonce la cécité stratégique du pays. « De la cécité spatiale nous rendant aveugles, de la surdité qui fait du Congo un sourd-muet, sans internet ni communication stratégique cryptée… tout le monde nous écoute sur +243, sans secret d’État », regrette-t-il. Il critique également l’archaïsme militaire du pays, privé de drones, de missiles guidés et de cartographie en temps réel, dans un contexte où la guerre se gagne avant tout par la technologie.
Il va plus loin en appelant à une refonte de la gouvernance, estimant que la politisation excessive de l’administration empêche toute avancée scientifique et technologique. « Laissez les politiques à l’Assemblée nationale. Donnez le pouvoir exécutif aux experts, aux élites, aux scientifiques hors des partis politiques. Partagez le pouvoir avec la science », lance-t-il, dénonçant une gouvernance de clans familiaux et politiques sans maîtrise technique.
Enfin, le Professeur Kabasele rappelle que le coût moyen pour doter la RDC d’un satellite tourne autour de 100 millions d’euros, un investissement qu’il juge dérisoire comparé aux détournements massifs de fonds publics. « C’est quoi, 100 millions d’euros, face aux détournements honteux et éhontés que nous vivons entre les protégés ? », s’indigne-t-il, appelant à un sursaut national. Pour lui, le développement du Congo passe inévitablement par une alliance stratégique entre la science et l’État.
Basile Mangebe