Le fleuve Congo et ses affluents sont reconnus pour la richesse de leurs produits halieutiques.
L’on nous apprend très souvent que des poissons meurent de vieillesse, parce que les pêcheurs ne disposent pas de matériels appropriés pour les capturer et les livrer aux centres de consommation.
Curieusement, cette réputation est de plus en plus écornée par les chiffres des noyades qui se produisent le long du trajet Kinshasa-Kisangani, et entre le lac Mai-Ndombé et le territoire de Kwamouth. A cela s’ajoutent les noyages dans le lac Albert situé entre l’Ouganda et la RDC.
A bien y regarder, ces accidents sont imputables, en premier lieu, aux propriétaires des petites embarcations qui assurent le transport des personnes et des marchandises dans ces cours d’eau. Bafouant la réglementation en la matière, ces petits bateaux qui ont pris la place des navires de l’ex Onatra aujourd’hui cloués au port de Kinshasa, transportent des quantités d’hommes et de marchandises au-delà de leur capacité normale.
Les armateurs surchargent les baleinières, les pirogues, ou parfois juxtaposent des pirogues. Ce qui fait que les personnes que l’on transporte, ainsi que le poids des marchandises, ne sont pas déclarés sur le manifeste, ce qui cause des noyades. Seules les recettes à empocher comptent pour eux. Et pour échapper à tout contrôle, ils naviguent surtout la nuit, dans l’obscurité totale. Dans l’obscurité, les capitaines ne voient pas ou quand ils constatent l’obstacle, c’est déjà à quelques mètres et il devient difficile de manœuvrer pour l’éviter.
Pourtant, la navigation de nuit avait déjà été interdite par les autorités du ministère des transports, surtout pour les unités de fortune qui ne remplissent pas les conditions de la construction navale.
A ce jour, cette mesure n’est jamais mise en application par les commissaires maritimes, fluviaux et lacustres, en dépit de la formation qui leur a été assurée sur la surveillance et le contrôle des unités flottantes, la qualification professionnelle et la surveillance des infrastructures. Car, c’est le commissaire fluvial qui contrôle les bateaux et les conditions d’embarquement avant de donner son accord pour le voyage. Grâce à la coopération allemande, l’on avait pensé que les commissaires maritimes, fluviaux et lacustres qui n’ont jamais bénéficié d’une formation depuis l’indépendance de la RDC en 1960, n’étaient pas en mesure de remplir leurs missions comme il se doit.
En dépit de cette formation, les commissaires fluviaux, maritimes et lacustres se compromettent ici et là en délivrant des documents sans avoir au préalable, procédé à la vérification des conditions requises en matière de transport. Dès lors, l’on pense que les autorités devraient continuer à sanctionner ces fonctionnaires en cas de noyade dans leurs juridictions respectives. Dans le cas contraire, le fleuve Congo et ses affluents constitueront toujours une sépulture pour les pauvres voyageurs.
YAMAINA MANDALA