Rubrique :

En RDC, l’IGF sauve 1,5 milliard USD de dépenses illicites

Depuis 2008, l’État congolais a mené une réforme des entreprises publiques avec l’objectif ambitieux de réaliser 5 milliards de dollars par an. Cependant, l’Inspection générale des finances (IGF) a découvert une saignée de 1,5 milliard de dollars en dépenses entachées d’irrégularités au sein du groupe portefeuille de l’État.

Grâce au travail de la patrouille financière de l’IGF, environ 1,5 milliard de dollars d’économies ont été réalisées en évitant des dépenses irrégulières dans les établissements publics. L’inspecteur général Jules Alingete a souligné que ces économies ont été obtenues en empêchant des actes de détournement et en mettant de l’ordre dans les finances publiques.

“(…) Les dépenses qu’auraient dû faire les entreprises publiques mais recalées par les équipes de l’IGF pour raisons d’irrégularités [sont] autour d’un milliard et demi de dollars. Donc ça signifie que nous avons fait économiser à ces établissements et entreprises cet argent qui devrait être affecté à des dépenses irrégulières. Parmi ces dépenses irrégulières, il n’est pas exclu qu’il y ait des actes de détournement”, révèle le chef de service de l’IGF, lors d’une intervention sur la radio Top Congo.

L’IGF a également scruté les finances de 44 établissements publics et 12 ministères, contribuant ainsi à une augmentation des revenus publics de 3 milliards à 10 milliards de dollars. Des inspections ont été menées dans plusieurs provinces, notamment au Haut-Katanga, Lualaba, Kongo Central, Nord-Kivu et Kinshasa, où des millions de dollars en frais de fonctionnement ont été surveillés.

“Je ne peux pas vous donner les chiffres des économies réalisées dans les provinces, parce que nous ne l’avons pas fait. En toute sincérité, nous n’avons pas fait le travail de dire que dans telle province nous avons barré la route à tel nombre d’actes d’irrégularités. Mais je sais que le travail n’est pas différent de ce qui se fait au niveau des établissements publics”, explique Jules Alingete.

Le chasseur des prédateurs souligne : “donc nous avons eu à faire au niveau des provinces, des entités territoriales du Haut-Katanga et du Lualaba. Des entités qui perçoivent des millions de dollars en termes de frais de fonctionnement venant de la redevance minière. Chaque mois, il fallait être là pour mettre de l’ordre. Nous avons, dans le cadre de la patrouille financière, surveillé les trois régies financières, pratiquement au Kongo central, au Nord-Kivu et à Kinshasa.”

En réaction aux pratiques douteuses à Kinshasa, tous les comptes de la ville ont été scellés depuis décembre, visant à mettre fin à des accords qui amputent les recettes de la ville. “La ville souffre d’un problème plus important : l’émiettement de la mobilisation des recettes. Les recettes de la ville sont amputées presque de moitié avec le système qui a été mis en place où chaque secteur a des sous-traitants collecteurs des recettes”, déplore Alingete. En outre, la ville et ses sous-traitants se partagent les recettes, parfois jusqu’à moitié-moitié. “De telles pratiques ont fait que les moyens de Kinshasa ont été pratiquement divisés par deux. C’est le véritable problème”, condamne le numéro un de l’IGF.

Il rappelle qu’“en 2023, nous avons eu à saisir les comptes de la ville de Kinshasa plus de deux fois pour surveiller toute la situation en termes de sortie de fonds”. “Nous avons, ajoute-t-il en suspens, déjà commencé des réunions avec des prestataires qui ont été choisis par la ville qui collectent en lieu et place de la DGRK. L’objectif, c’est d’amener la ville à mettre fin à tous ces protocoles d’accords qui privent la ville de ses moyens.”

Avec 225 inspecteurs des finances déployés pour cette mission, l’IGF se félicite des progrès réalisés dans la lutte contre la corruption en RDC. “Je ne voudrais pas faire mon bilan mais celui de la lutte contre la corruption et les antivaleurs dans la gestion des biens publics en RDC, parce que j’estime que c’est important. Si on va sous cet angle-là, je peux vous dire au regard du dernier rapport de Transparence international qui place la RDC en position de 162e pays sur 186 côtés, donc 25 pays derrière la RDC”, indique le gendarme des finances.

Grâce à ces efforts, le pays a progressé de 10 places dans l’indice de perception de la corruption au niveau mondial. “(…) Et ce, nous estimons que le bilan est très satisfaisant dans la mesure où il y a quatre ans, la RDC était placée 172e sur 186 pays. Donc en quatre ans, notre pays a gagné 10 places dans l’indice de perception de la corruption sur le plan mondial. Nous estimons que c’est une reconnaissance des efforts que la RDC a réalisé en matière de lutte contre la corruption et des antivaleurs dans la gestion publique” se félicite-t-il.

Jules Alingete souligne que cette amélioration s’accompagne d’indicateurs macroéconomiques positifs, attribués en partie à la lutte contre la corruption. “Donc nous devons mettre ça dans le bilan du travail qui est fait, travail que j’estime a été fait aussi bien par l’Inspection générale des finances que la Cour des comptes…, se réjouit-il. “Donc toutes les structures chargées de contrôle. En termes de bilan durant les quatre ans, la RDC a réussi avec un élément important l’éveil de la conscience collective des Congolais en matière de lutte contre la corruption. Ce fléau qui a été tolérable et acceptable dans notre société, aujourd’hui ce n’est plus le cas”, soulève-t-il.

Cette lutte a également contribué à éveiller la conscience collective des Congolais sur l’importance de combattre ce fléau autrefois toléré dans la société. “Tous les Congolais se sont levés. Ils décrient à tout moment les actes de corruption, de détournement des deniers publics. Donc nous avons réussi à amener tout le monde à prendre conscience que ce phénomène entrave le développement de notre pays”, a fait savoir Jules Alingete.

Nicolas Kayembe

dans la même rubrique

Finances publiques: Le grand bilan du premier mandat de Félix Tshisekedi

Après la rupture de la coalition CACH-FCC en décembre 2020 le Président Félix Tshisekedi a eu les mains libres...

CPCE-ANEP : SÉANCE DE TRAVAIL TRÈS FRUCTUEUSE POUR L’AMELIORATION DU CLIMAT DES AFFAIRES

Dans le cadre de la relance des activités du Cadre Permanent de Concertation Économique, « CPCE », l’Équipe dirigeante de son...

CPCE-ASSOFE : SÉANCE DE TRAVAIL AU SIEGE DE L’ ASSOCIATION DES FEMMES CHEFS D’ENTREPRISE CE...

Dans le cadre de la relance des activités du Secrétariat Technique Pluridisciplinaire pour redynamiser le CADRE PERMANENT DE CONCERTATION...

Économie: Rencontre fructueuse entre le ministre d’Etat Eustache Muhanzi et le CPCE

Le ministre d'Etat, ministre ad intérim de l'Economie nationale, Eustache Muhanzi Mubembe, a tenu des discussions productives ce jeudi...

Trafic de minerais : 9 Tonnes de cassitérite et coltan quittent la RDC vers le...

Un important chargement de 9000 kgs de minerais, comprenant de la cassitérite et du coltan, a été transporté sur...

Ecofin : Historique, 123,5 millions Usd mobilisés par les banques congolaises pour stabiliser les finances...

Le gouvernement congolais a obtenu un financement crucial de 123,5 millions USD auprès de quatre grandes institutions bancaires locales,...

Retombées de sa participation à Mining Indaba: Sama Lukonde et son Gouvernement signent un contrat...

A la fin de sa mission en Afrique du Sud, où il est allé représenter le Chef de L'État...

Économie : Le Vpm Vital Kamerhe s’implique dans la démarche pour baisser le prix du...

Économie : Le Vpm Vital Kamerhe s'implique dans la démarche pour baisser le prix du sac de ciment sur...