Le gouvernement congolais intensifie ses efforts pour enrayer le trafic illégal des minerais en provenance de l’Est du pays, exploités par le M23 et acheminés vers le Rwanda. Lors du dernier Conseil des ministres tenu vendredi 14 mars, plusieurs mesures ont été adoptées pour contrer ce pillage systématique, avec une pression accrue sur les circuits d’exportation rwandais.
Une riposte diplomatique et économique
Le ministre des Mines a annoncé la mise en place de nouvelles restrictions, notamment :
La classification de Rubaya-Namibwe en « zone minière rouge », interdisant toute exploitation et commercialisation des minerais de cette zone.
La demande de suspension du mécanisme de certification de la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs) pour les exportations rwandaises.
L’appel à la saisie et à la confiscation des minerais exportés depuis le Rwanda, afin de briser les circuits de revente illicite sur le marché international.
Ces mesures visent à contraindre la CIRGL à auditer l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement rwandaise pour identifier l’origine réelle des minerais exportés.
Un isolement croissant du Rwanda
La stratégie congolaise commence à porter ses fruits. Kinshasa salue notamment les sanctions internationales ciblant des proches du régime rwandais, notamment James Kabarebe, conseiller spécial de Paul Kagame, ainsi que des membres du M23. L’Union européenne a également décidé de réexaminer son protocole d’accord sur les minerais stratégiques avec Kigali, signe d’un durcissement des positions face au Rwanda.
Un conflit minier au cœur de la guerre à l’Est
Derrière cette guerre, l’exploitation illégale des ressources naturelles reste l’un des principaux moteurs du conflit. Selon des rapports des Nations unies, l’armée rwandaise, en soutien au M23, facilite l’extraction et le transfert frauduleux de minerais comme le coltan et l’or, essentiels à l’industrie technologique mondiale.
Avec ces nouvelles mesures, Kinshasa espère non seulement freiner cette exploitation illégale mais aussi placer les acheteurs internationaux face à leurs responsabilités en les empêchant de s’approvisionner via des filières frauduleuses.
L’avenir dira si cette pression diplomatique et économique suffira à freiner le pillage des ressources congolaises et à réduire l’influence du Rwanda dans cette économie souterraine.
LB