L’annonce du retour de Joseph Kabila dans la partie orientale de la RDC résonne comme un séisme politique aux répliques imprévisibles. Depuis Kinshasa, les accusations pleuvent : l’ancien président serait en collusion avec les rebelles de l’AFC/M23, responsables de l’instabilité au Nord-Kivu.
Est-ce un simple geste symbolique ou un véritable acte de défi politique ? Va-t-il se rendre dans les zones contrôlées par les rebelles ? Si oui, Kinshasa y verrait une confirmation des soupçons de trahison. S’il opte pour Lubumbashi, sa sécurité est-elle garantie ? Et le régime osera-t-il l’interpeller ?
Un parallèle historique s’impose : en 2002, Étienne Tshisekedi wa Mulumba s’était rendu à Kisangani, alors aux mains du RCD-Goma. Mais à l’époque, Tshisekedi vivait à Kinshasa. Joseph Kabila, lui, vit en exil. Et son retour, sans position claire, dans un contexte aussi tendu, soulève bien des interrogations.
Ce moment est critique. L’ancien président ne peut se contenter du silence. Il doit dire ce qu’il veut, où il va, et avec qui. Car dans un pays en proie à des tensions armées, à une guerre oubliée et à des fractures identitaires, chaque geste pèse, chaque silence devient une posture politique.
Le retour de Joseph Kabila pourrait raviver des tensions, troubler une transition démocratique déjà fragile, et exposer le pays à une instabilité plus grande encore. La RDC n’a plus besoin de zones grises. Elle a besoin de cohésion, de vérité, et d’un véritable sursaut d’intelligence politique.
Le moment est venu de dire ce qui est, avant que le silence n’accouche du pire.
Alain Baendo
Journaliste et éditorialiste