Le bras de fer se poursuit entre l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo et la Cour constitutionnelle dans l’affaire Bukanga-Lonzo. Alors qu’une audience est programmée ce mercredi 23 avril, l’accusé et ses avocats annoncent leur boycott, pointant du doigt une procédure qu’ils jugent « inconstitutionnelle ». C’est ce qu’indique un communiqué diffusé mardi par le parti LGD (Leadership et Bonne Gouvernance pour le Développement).
Le document, signé par la direction du parti, dénonce un procès « entaché d’irrégularités » et souligne une violation des droits de la défense. « Le Président National et ses avocats conseil ne comparaitront pas », tranche le communiqué, invoquant l’absence de garanties pour un procès équitable. Le LGD évoque également une instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
Cette posture radicale intervient dans un contexte juridique tendu. En effet, à l’issue de la dernière audience, le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, avait interpellé la Haute Cour sur la nécessité de respecter les immunités parlementaires dont bénéficie Matata Ponyo, en tant que député national. Il avait rappelé un précédent similaire, celui de Nicolas Kazadi, pour justifier cette requête.
Le camp Matata voit dans le déroulement de ce procès un « acharnement » qui viserait à l’écarter du jeu politique. Le LGD appelle d’ailleurs ses militants à rester « en alerte », estimant que le traitement réservé à son leader relève d’une logique d’arbitraire judiciaire.
Pour rappel, le dossier Bukanga-Lonzo, qui concerne un projet agro-industriel tombé en ruine, reste l’un des plus emblématiques du combat contre la corruption en RDC. Mais il soulève aussi des questions sensibles sur la frontière entre justice et règlement de comptes politiques.

CB