Le bras de fer s’intensifie entre les deux plus hautes institutions de la République démocratique du Congo autour du dossier Matata Ponyo. Alors que la Cour constitutionnelle tente d’avancer dans les poursuites judiciaires visant l’ex-Premier ministre, l’Assemblée nationale, par la voix de son président Vital Kamerhe, monte au créneau pour rappeler le cadre légal des immunités parlementaires.
Dans une lettre adressée au président de la Cour constitutionnelle, Kamerhe se montre ferme : « Aucun parlementaire ne peut être poursuivi ou arrêté sans l’autorisation préalable de la chambre à laquelle il appartient, sauf en cas de flagrant délit », martèle-t-il, en s’appuyant sur l’article 107 de la Constitution. L’ancien directeur de cabinet de Félix Tshisekedi invite ainsi le procureur général à « se conformer à cet impératif légal ».
Face à cette sortie, la Cour constitutionnelle ne décolère pas. Lors d’une audience le 23 avril, son président Dieudonné Kamuleta avait déjà dénoncé ce qu’il considère comme « une entrave à la justice » et averti que l’Assemblée nationale « ne saurait donner des injonctions ni intervenir dans un procès en cours ». Une réponse sèche, qui révèle l’ampleur du tiraillement institutionnel.
Au cœur de ce duel juridique : le sulfureux dossier Bukanga Lonzo. Augustin Matata Ponyo est soupçonné de détournement de fonds publics alloués à ce projet agro-industriel pharaonique. Si les faits reprochés remontent à plusieurs années, la tension actuelle réside dans le statut de sénateur de l’intéressé, qui complique toute tentative de poursuite sans une levée formelle de ses immunités.
CB