La mort tragique du policier routier Kabeya Senda, survenue lors d’une altercation avec le convoi de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, continue de provoquer un tollé. Au cœur de l’affaire, une scène d’une rare violence capturée par des passants et devenue virale : un agent tentant de faire respecter la loi, roué de coups mortels par des membres des forces de l’ordre. Jeudi 15 mai, le ministère public a requis 20 ans de servitude pénale contre sept policiers, parmi lesquels figurent des officiers affectés à la garde rapprochée de la cheffe du gouvernement.
Le parquet militaire accuse les prévenus d’homicide praeter intentionnel, de violation de consigne et d’arrestation arbitraire. Lors de l’audience à la Cour militaire de Kinshasa/Gombe, le représentant du ministère public a insisté sur la nécessité d’une sanction exemplaire. « La gravité des faits exige une peine exemplaire. Aucun grade, aucun uniforme ne doit protéger un crime », a-t-il affirmé d’une voix ferme.
L’incident, devenu un symbole de la lutte contre les abus des forces de sécurité, a profondément choqué l’opinion publique. Me Banza, avocate des parties civiles, a rappelé les circonstances : « Kabeya n’a fait que son devoir. Il a été tué pour avoir voulu faire respecter le code de la route. » Le policier avait tenté de stopper un cortège empruntant un sens interdit, avant d’être violemment agressé.
Deux des prévenus, toujours en fuite, aggravent la perception d’une impunité persistante dans les rangs des forces de l’ordre. « C’est une dérive autoritaire de ceux censés faire respecter la loi », a dénoncé le ministère public, mettant en lumière l’écart croissant entre les responsabilités légales et les pratiques sur le terrain.
Sur le plan civil, la famille de Kabeya réclame cinq millions de dollars à l’État congolais. « La République doit assumer sa responsabilité pour les actes posés par ses agents dans l’exercice de leurs fonctions », a plaidé le frère du défunt devant la Cour, visiblement ému. Il a demandé que ce drame marque un tournant dans la gestion des forces de sécurité.
Pour de nombreuses ONG de défense des droits humains, ce procès dépasse le simple cadre judiciaire. « C’est un test décisif pour la crédibilité de la justice militaire en République démocratique du Congo », ont-elles déclaré dans un communiqué commun. En attendant le verdict attendu dans les prochains jours, la société civile reste en alerte, réclamant une justice « impartiale et indépendante, sans égard au statut des accusés ».
CB