Dans une démarche empreinte de gravité, le gouvernement congolais a rendu public ce mardi 20 mai un rapport alarmant sur les crimes de guerre commis entre janvier et avril 2025 dans les villes de Goma et Bukavu. Élaboré par le Mécanisme National de Suivi de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba, le document révèle l’ampleur des violences perpétrées par les rebelles du M23, soutenus par les Forces de Défense Rwandaises (RDF), dans les zones qu’ils ont brièvement occupées.
Présenté par le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, le rapport s’étale sur plus de 100 pages et détaille une série de violations systématiques des droits humains : assassinats ciblés de civils, violences sexuelles massives, enrôlement d’enfants soldats, ainsi que la destruction d’infrastructures médicales et éducatives. « Ce que nous avons documenté dépasse la simple logique de guerre ; c’est une entreprise criminelle contre les populations civiles », a déclaré le ministre lors d’une cérémonie au Musée national de la RDC.
Les écoles ont payé un lourd tribut à ces violences : près de 2 600 établissements ont été touchés, privant plus d’un million d’enfants d’accès à l’éducation. Certaines écoles, selon le rapport, ont même servi de charniers improvisés. Une réalité que Muyaya a qualifiée de « tragédie silencieuse » qu’il devient urgent d’éradiquer, tant elle compromet l’avenir de toute une génération.
Cette publication intervient alors qu’une délégation du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies est arrivée à Kinshasa pour une mission d’évaluation. Une commission d’enquête internationale devrait être mise en place d’ici septembre. Pour Kinshasa, cette séquence diplomatique représente une chance de faire entendre la voix des victimes sur la scène internationale.
Au-delà des villes, les exactions ont également frappé les espaces protégés : le parc des Virunga, joyau écologique de la RDC classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, a subi des pillages massifs et des violences armées, causant des pertes évaluées à plusieurs centaines de millions de dollars. Le gouvernement y voit un nouvel exemple de la stratégie destructrice du M23, qui mêle intérêts économiques et terreur.
Pour Patrick Muyaya, il ne peut y avoir de paix sans justice. « Les auteurs de ces crimes devront rendre des comptes », a-t-il insisté. « Il n’y aura pas de meilleure consolation pour les familles endeuillées que de voir les bourreaux traduits devant les tribunaux ». Face à une situation qu’il décrit comme « une gouvernance par le crime », Kinshasa appelle la communauté internationale à rompre le silence et à agir pour que l’Est de la RDC ne soit plus un théâtre d’impunité.
CB