Le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a tiré la sonnette d’alarme samedi 31 mai à Kinshasa sur l’ampleur croissante de la désinformation, appelant à une régulation mondiale pour endiguer ce phénomène qu’il qualifie de « menace pour la cohésion sociale et la paix entre les peuples ». Il s’exprimait lors de la clôture des « Rencontres – Culture – Mémoire – Fraternité », un forum organisé par l’association Amour et Solidarité de Paris.
Intervenant dans un panel consacré à la gestion de l’opinion publique en temps de crise, Patrick Muyaya a dénoncé la manipulation de l’information qui, selon lui, « ternit injustement l’image de la République démocratique du Congo sur la scène internationale ». Il a pointé du doigt certains médias et ONG qui, « à travers des fake news et des récits orientés », participeraient à la propagation de stéréotypes négatifs sur la RDC.
Le ministre a notamment rappelé le rôle trouble de la communauté internationale à l’époque du génocide rwandais de 1994, soulignant que l’ouverture des frontières avait entraîné des conséquences durables pour la stabilité de la région. Il a fustigé ce qu’il perçoit comme un déséquilibre dans le traitement médiatique du conflit en cours dans l’est du pays.
Face à ce constat, Muyaya a mis en avant les atouts du pays : ses ressources naturelles stratégiques comme le cobalt et le coltan, ses forêts tropicales aux fonctions écologiques majeures, mais aussi « sa contribution historique à la Seconde Guerre mondiale et à la révolution industrielle mondiale », souvent oubliée selon lui.
S’attaquant à la question de la guerre informationnelle, il a prévenu que celle-ci « alimente les discours de haine, exacerbe les tensions tribales et met en péril l’unité nationale ». Il a affirmé que « la RDC est un pays de 450 tribus vivant dans la fraternité » et a rejeté toute accusation de stigmatisation : « Il n’y a pas une tribu qui soit plus minoritaire qu’une autre ».
Patrick Muyaya a également évoqué les défis posés par les technologies émergentes, en particulier les deepfakes, et le rôle des réseaux sociaux dans la diffusion massive de contenus mensongers. Il a appelé la communauté internationale à « une régulation concertée et une prise de conscience urgente face à ces nouveaux outils de manipulation ».
Muyaya a réaffirmé l’engagement du gouvernement congolais à promouvoir une image juste du pays, et à œuvrer « pour la paix, la solidarité et la fraternité entre les peuples ». Un message porteur d’espoir dans un contexte régional marqué par les tensions et la désinformation.
CB