Dans une sortie remarquée, l’éminent professeur pénaliste, s’en est pris avec vigueur à Constant Mutamba, ministre de la Justice, actuellement inculpé pour détournement présumé de fonds publics. Bokolombe fustige la tentative de Mutamba de récuser le ministère public, une démarche qu’il juge juridiquement infondée et politiquement préoccupante.
Selon le professeur Bokolombe, la récusation du ministère public par un inculpé révèle non seulement une ignorance manifeste des principes fondamentaux du droit congolais, mais aussi une atteinte grave à l’ordre juridique établi. « Ce n’est plus un simple déficit de formation, c’est une profanation du droit », a-t-il affirmé, appelant même à un retrait symbolique du titre d’avocat de Constant Mutamba.
En droit congolais, rappelle-t-il, le ministère public est une institution indivisible, un organe de la Loi, et donc par essence, irrécusable. Il est l’un des piliers de l’action publique et ne saurait faire l’objet d’une mise en cause par la partie poursuivie. Ce principe, explique le professeur, est connu de tout juriste, a fortiori d’un avocat ayant assumé des fonctions ministérielles.
Pour Bokolombe, la démarche de Mutamba dépasse le cadre du débat juridique pour s’inscrire dans une tentative politique de décrédibilisation de la justice congolaise. Il dénonce une « vaine bravade » et une manœuvre de diversion visant à soustraire l’inculpé à l’action de la justice. Une attitude qu’il qualifie d’« infantile intimidation ».
L’affaire prend un relief particulier dans le contexte de l’instruction en cours, où Constant Mutamba est accusé de détournement de deniers publics. Les faits reprochés seraient, selon des sources proches du dossier, appuyés par des éléments accablants. Pour Bokolombe, c’est la solidité de l’État de droit qui se joue dans ce bras de fer entre la justice et ce membre du gouvernement.
Professeur ordinaire à l’Université de Kinshasa, Sam Bokolombe n’est pas un inconnu dans les cercles académiques et politiques du pays. Docteur en droit privé et judiciaire, spécialiste en droit pénal, il enseigne dans plusieurs universités du pays et est l’auteur de plusieurs ouvrages de référence. Son expertise fait de lui une voix autorisée dans les débats juridiques nationaux.
En lançant cette charge contre Constant Mutamba, le professeur Bokolombe entend alerter sur les dérives possibles d’une élite politique.
CB