De plus en plus, le Sénégal, pays de la Teranga, s’achemine vers un avenir qui pourrait être fait de violences. Car, à cause de l’obstination du président actuel, Macky Sall, à briguer un troisième mandat, ce qui est interdit par la constitution, des troubles sont régulièrement enregistrés dans la capitale, Dakar, et dans d’autres villes. A ce rythme, le pays de Léopold-Sedar Senghor risque de basculer dans un cycle de tumultes qui serait difficile à maîtriser.
Porteur des espoirs de la jeunesse, le maire de Zinguichour, Ousmane Sonko a décidé de briguer la présidence du Sénégal en 2024. Mais, Macky Sall ne veut pas l’entendre de cette oreille. A l’instar de certains chefs d’Etat du continent qui tiennent à mourir au pouvoir, ou à le confier à un de leurs enfants, toutes sortes de stratégies sont montées pour le bloquer. C’est le cas de cette affaire du « viol » que l’opposant aurait commis sur une jeune masseuse.
Les juges qui donnent l’impression d’être aux ordres du pouvoir en place, sont allés jusqu’à proposer une peine de dix ans de prison ferme. Une manière de l’empêcher de gêner le chef de l’Etat qui, pourtant, s’était battu pour que son prédécesseur, Abdoulaye Wade, ne dirige pas le Sénégal pour la troisième fois consécutive. Ce qui ne fait que jeter de l’huile sur le feu.
Ousmane Sonko est considéré par les jeunes comme leur sauveur. Ils vouent, dit-on, une haine au président Macky Sall qu’ils accusent de n’avoir rien fait en leur faveur pendant ses deux mandats. Nombre d’entre eux sont au chômage ou survivent de petits métiers, confrontés aux difficultés économiques.
Les jeunes qui croient donc en lui, ne veulent en aucune manière laisser les forces de l’ordre se saisir de leur leader. « On est prêt à laisser nos vies dans ce combat. Celui qui voudra sortir Sonko d’ici devra nous passer par le corps », rapporte le journal français le Monde.
Il semble aussi que quelques femmes vêtues de noir, chantent et dansent devant la maison de l’opposant. Elles appartiennent au « bois sacré », un groupe traditionnel auquel on prête des pouvoirs mystiques. Voilà le contexte de grande tension, de colère et de peur, dans lequel vit le Sénégal depuis le déclenchement de cette affaire.
Pour les jeunes, Ousmane Sonko représente un « grand espoir ». Ils pensent qu’avec lui à la tête du Sénégal, « il n’y aura plus d’injustice, plus de voleurs. C’est un homme de principe », soutiennent-ils. Voilà pourquoi ils se disent prêts à sacrifier leurs vies pour lui. Les images relayées par des chaines internationales de télévision montrent des centaines de jeunes qui montent la garde devant le domicile du maire, pour empêcher qu’il ne soit arrêté par les policiers.
Ses partisans sont convaincus qu’Ousmane Sonko est victime de l’acharnement politique. Le régime veut simplement l’écarter de la course à la présidentielle.
Curieusement, dans ce pays où les chefs religieux sont respectés et leurs mots d’ordre strictement suivis, l’on ne s’explique pas le refus de Macky Sall de les écouter. C’est dire que le président sénégalais veut à tout prix bloquer cet opposant qui refuse de le laisser se maintenir au pouvoir.
A cette allure, le Sénégal pourrait perdre son image de pays où la démocratie est fortement ancrée dans les mœurs politiques. Macky Sall va tout simplement ressembler à certains de ses homologues pour qui la démocratie est une affaire des occidentaux, pas celle des Africains, et que celui qui est aux affaires doit les garder sous sa ferrure jusqu’à l’épuisement de ses forces.
Pour de nombreux observateurs, l’on pouvait tout attendre du Sénégal, mais pas cette affaire qui le couvre de ridicule.
YAMAINA MANDALA