Le 2 août dernier, la République Démocratique du Congo a marqué une journée de commémoration en mémoire des victimes du Génocide congolais pour des gains économiques (Génocost), un événement tragique qui a profondément marqué l’histoire du pays.
Cette commémoration a eu lieu à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo, où les cicatrices laissées par la guerre de six jours entre les armées rwandaise et ougandaise sont encore visibles. Dans ce contexte, le nom de José Des Chartes Menga, un ancien journaliste de Radio Okapi décédé en 2021, résonne comme un symbole de la lutte pour la justice et la reconnaissance des droits des victimes.
José Des Chartes Menga n’était pas seulement un reporter, mais un fervent défenseur des droits humains et un ardent militant pour l’indemnisation des victimes de la guerre de six jours à Kisangani. Sa détermination à obtenir justice pour les victimes était telle qu’il était prêt à sacrifier sa propre sécurité pour faire entendre leur voix. L’importance de son combat réside dans son engagement à rappeler aux autorités congolaises et internationales que le sang versé lors de ces affrontements ne doit pas être oublié et que les responsables doivent rendre des comptes.
Les événements tragiques survenus à Kisangani entre le 5 et le 10 juin 2000, qui ont coûté la vie à plus de 12 000 personnes et blessé 3 000 autres, ont été commémorés par la communauté locale et internationale. Ces affrontements, qui ont vu s’affronter les forces rwandaises et ougandaises, ont également conduit à la destruction de milliers de maisons et de biens publics. Dans ce contexte, Menga a su mobiliser une synergie de forces, en initiant des actions concrètes pour rappeler aux responsables la nécessité d’une réparation pour les victimes.
En 2020, à l’occasion du 20ème anniversaire de cette tragédie, Menga a lancé la « Synergie 20 ans de Souvenirs » de la guerre de six jours à Kisangani. Ce collectif a appelé la population à se souvenir des atrocités subies et à maintenir vive la flamme de la mémoire. L’un des messages forts de cette synergie était que le gouvernement congolais devait agir pour réclamer justice auprès des gouvernements rwandais et ougandais, en utilisant tous les moyens à sa disposition pour obtenir réparation.
Menga a également plaidé pour une action judiciaire nationale, demandant à la justice congolaise d’ouvrir des enquêtes sur les auteurs présumés de ces crimes qui circulent en toute impunité. Il a insisté sur l’importance d’un processus judiciaire indépendant pour garantir que la vérité soit établie et que justice soit rendue. La création de chambres spéciales pour juger les massacres de Kisangani a été une autre exigence de la « Synergie 20 ans », soulignant le besoin d’une réponse internationale à cette crise.
En initiant une plainte auprès de la Cour Pénale Internationale (CPI), José Des Chartes Menga a également voulu faire pression sur les gouvernements concernés. Alors que l’Ouganda a commencé à indemniser les victimes, cette avancée est en partie attribuée aux efforts et à la persévérance de Menga, qui a su éveiller les consciences sur l’importance de cette question. Son engagement a permis de donner une voix à ceux qui ont souffert en silence, et son héritage continue d’inspirer de nombreux citoyens congolais.
Les événements tragiques de Kisangani ne doivent pas être oubliés. La mémoire de ceux qui ont perdu la vie et de ceux qui ont été blessés doit être honorée par des actions concrètes en faveur de la justice et de l’indemnisation. Le combat de José Des Chartes Menga pour les victimes de la guerre de six jours est un exemple poignant de la manière dont la détermination individuelle peut conduire à un changement significatif.
Jeff Saile